AUCEUR DU JAPON
ZENN
AMOURS MYSTIQUES
(THE GARDEN OF VISION)
ROMAN
Traduit de 1'anglais par Jean HERBERT et Pierre SAUVAGEOT
Préface de Jean HERBERT
PRÉFACE
Le Bouddhisme Zenn, dont Mrs. Adams Beck nous a tracé dans cet ouvrage un tableau si vivant et si saừissant, est une discipline qui à premiere vue nous surprend. Certes, on admet sans trop de difficulte qufun développement spirituel puisse être facilité ou accéléré par des exercices physiques comme le judo; les techniques indiennes du hatha-yoga et même celles du raja-yoga nous avaient déjà accoutumés à cette conception ft étrangère à l’Occident.
Ce qui presente un plus gros obstacle, cfest le caractère netement extra-intellectuel, pour ne pas dire anti-intellectuel, le touts la meditation, car dans la mesure mễme où nous Vadnettons et la comprenons intellectuellement, ce qui est à peu orès notre seule manière dĩadmettre et de comprendre, nous toils rendons incapables de la pénétrer et de la vivre. Houei Vo disait à Bodhi-Dharma: Je comprends ce que voup dites le la fagon la plus totale, mats quant à Vexprimer avec des nots, c’est impossible. — C’est done, répliqua le mattre, Ves-ence meme de Vesprit transmis pas tous les Bouddhas. N’aie oas le moindre doute à cet égard.
Au cours de plusieurs gros volumes — dont la plupart sont ỉéjà traduits en frangais — le professeur Daisetz Teitaro Suzuki, grand specialists, professeur de Zenn à Vuniversite le Kyoto, fort au courant de la pensée occidentals, et qui mseigna le Zenn à Vauteur de ce livre, sfest eforce de nous faire <<sentir>> le Zenn. MaisVi faut reconnoitre que les citatiomm apparemment les plus chargees de sens qu’il nous fournit des grands maitres de Vépóque classique out souvent Vair poutm nous d’histoires de fous. Oummon prit son baton et, portantm un grand coup sur Vespace, cria: comme cela blessed Puiim frappant sur un panneau, il demanda: Cela fait-il du bruit, répondit un moine, yiỉ y a du bruit. Sur quoi le maitnm sfécria: Pauvre être piein d’ignorances Nous ne trouvons pam grand-chose de ce genre dans les autres’ sectes bouddhistẽs, mm dans Vhindouừme d’ou le bouddhisme est issu.
Il semble bien que Von ne rencontre chez des mystiques đem ensembles de telles affirmations aussi systcmatiquement dt-M nuées de sens apparent, ou apparemment contraires au Sểítm commun, qu’à Vautre extrémité de VAsie, chez les grands. «J’ai converse avec un Existant sans parole et j’ai regardiun Connu sans apparencechantait Chibu. «Qui ne saisit pasl nos allusions, nos explications ne le quideraient pas», disaitiMal-Hallaj. Tin autre point commun entre les deux disciplinesm est le caractère subit et total de Villumination, qui suppose a Véchelonnement progressif et quasi illimité des samadhỉs et états dextase que connaissent les mystiques hindous et citril tiens. Mats alors que Vhagiographie musulmane abonde euB exemples de saints qui sont tombés raides morts, ou tout and moins évanouis en entendant la parole révélatrice, le satoru des bouddhistes Zenn ne saccompagne pas d’un choc maté riellement aussi destructeur.
Quoiqu’il en soit, le Zenn, avec ses disciplines plus ou moinim annexes, joue un role considerable dans la formation de l’élite morale et spirituelle du Japon. Son enseignement et sa protique dans les nombreux monastères qui lui sont consacrés ont sans doute contribuê plus que toute autre chose à doter les Japonais du courage, de la tenacitê, de Vimpassibirite, de la force ’de caractère, de Vesprit de sacrifice et de disciplineuil ont souvent prọvoqué Vadmiration du monde. C’est une raison suffisante pour mériter que nous Vexaminions.
Le livre de Mrs. Adams Beckqui ne dévoire là qu’unem partie de ce qu’elle avait appris — nous y convie en melant agréablement les textes sacrés les plus authentiques à des récits d’experiences et d’aventures qui nous semblent fabuleux. Mai «à Vest de Suez» la demarcation est bien moins nette qu’ici entre le possible et l’impossible.